Projet

La Bataille de l’IA

Un jeu pour développer son esprit critique 

Composante : École d’économie de la Sorbonne 
Porteur de projet : Jean-François CAULIER
Maître de conférences à l’École d’économie de la Sorbonne, Vice-président de la commission de la Formation et de la Vie universitaire du conseil académique, chargé de l'IA et du numérique et référent Numérique responsable pour le programme Alt’Impact
Public : Master 1 Économie appliquée
Période : 2025-2026

 

Jean-François Caulier

Donner de la latitude
J’ai voulu suspendre la routine pour soulever des questions écologiques et citoyennes qui passionnent – et inquiètent – les étudiants.
Jean-François CAULIER

Jean-François Caulier avec les étudiants dans une salle de cours

Comprendre et démythifier 

Fortement intéressé par les défis auxquels l’intelligence artificielle confronte l’enseignement supérieur, Jean-François Caulier a eu l’idée de faire appel à une association spécialisée sur les enjeux sociaux et environnementaux de l’IA pour animer une séance de Master. L’objectif ? Informer et faire réfléchir les étudiants sur les impacts multiples de l’IA dans le cadre d’une séquence à la fois ludique et pédagogique. L’occasion s’impose d’autant plus que certains étudiants de ce Master 1 s’orientent ensuite vers un Master 2 Économie de la culture et du numérique. Le propos est donc pertinent au regard du parcours. 
Dans cette proposition faite aux étudiants, l’enseignement disciplinaire rejoint l’éducation citoyenne. Il s’agit de suspendre, le temps de quelques heures, les sciences dures pour entrer dans le vif d’une discussion ouverte sur des questions écologiques et climatiques par lesquels les étudiants de cette génération se sentent particulièrement concernés. Les maîtres mots : « sensibiliser » et « acculturer » à l’IA. Et ce afin que les restrictions conseillées des usages ne soient pas perçues sous l’angle d’un contrôle punitif, mais bien compris dans l’ordre de la responsabilité citoyenne. 

L’intervention d’une association pendant le cours

Cette animation est proposée clé en main par l’association Latitudes, une communauté qui agit pour le développement d’une technologie engagée et responsable. Latitudes a été créée en 2017 par des étudiants et étudiantes en tech et regroupe aujourd’hui une quinzaine de personnes. L’association soutient des projets citoyens, sobres, accessibles, respectueux des diversités et de l’humain. Parmi ces initiatives créatives on pourra noter par exemple l’usage de la data science pour faciliter le travail des Restos du cœur, le développement d’une plateforme hors ligne pour l’apprentissage du codage informatique dans les prisons, une application mobile pour le réemploi des déchets, etc. 
Au-delà de ces projets, une grande part de l’activité de l’association est tournée vers l’animation de séances de sensibilisation à l’IA pour les collèges, les lycées, les universités ainsi que pour les entreprises. Un jeu de cartes sert de support. L’association a conçu le jeu et le scénario pédagogique et elle assure la formation d’un réseau de bénévoles – une centaine à ce jour – qui interviennent dans les établissements du secondaire et du supérieur. La prestation est militante, ce qui contribue à faire de cette rencontre un authentique temps de découverte et de passion. Le jeu s’appuie sur des données collectées par une association partenaire, Data for Good dont les objectifs convergent étroitement avec ceux de Latitudes. Voilà des équipes de vingtenaires et de trentenaires qui nous donnent envie de réfléchir – et encore mieux : d’agir pour préserver un futur habitable !
 

Icones représentant les enjeux de l'IA : Justice sociale, Climat et biodiversité, Démocratie et citoyenneté
Présentation des enjeux de l'IA sur le site Data for Good

Ce que les participants en retiendront 

Objet de très nombreuses opérations de communication médiatique depuis 2022, les IA génératives se dévoilent, se vulgarisent et prennent aujourd’hui une place réelle dans nos vies et nos conversations. Cette place, parfois surdimensionnée, vient des nombreuses applications possibles et révolutionnaires dont on prend soudainement conscience et des situations de doubles contraintes – toutes aussi nombreuses ! – sur lesquelles nous pressentons qu’il faudra ouvrir le débat sine die. Cette énorme pression doit être amortie par une solide réflexion et c’est à cela que se prête la Bataille de l’IA
Sortant de l’angle exclusif du phénomène d’actualité, cet atelier invite à mettre l’IA en perspective dans l’ordre de l’histoire des technologies de l’information : remonter le temps jusqu’à la machine de Turing en replaçant un certain nombre de faits marquants sur une frise temporelle. Nous naviguons de 1964 (quand Eliza, l’ancêtre du Chat-Bot, prend presque la place d’un vrai psychanalyste), à 1997 (le jour où le supercalculateur Deep Blue a vaincu le champion Garry Kasparov aux échecs) et jusqu’en 2023 (quand Boris Eldagsen provoque un tollé dans le monde de l’art en remportant – et refusant – un prix gagné grâce à une photographie générée par l’IA). Si les chatbots généralistes et performants tels Chat-GPT, Deep-Seek ou Mistral n’apparaissent que très récemment sur nos écrans, les intelligences artificielles (ou tout au moins les processus de calcul qui en portent l’intention) ont déjà une longue histoire. Un second temps de l’animation est dédié aux répercussions sociétales : emploi, création, démocratie, écologie. Les étudiants sont ainsi plongés au cœur des interrogations que soulève cette nouvelle technologie ambivalente. Pour finir, un jeu de rôles permet d’apprivoiser, à partir de contextes concrets, des situations décisionnelles ardues dans divers champs : la gestion des emplois et des compétences, la lutte contre le réchauffement climatique, le traitement des dossiers parcours-sup… 

Les étudiants repartent avec une conscience élargie des applications imminentes de l’intelligence artificielle, beaucoup de questions – mais peu de réponses toutes faites – et quelques connaissances positives en supplément dans leurs sacs à dos. 
 

Une application de l'IA : Dans mon eau : cnetraliser et visualiser les données sur la pollution chimique de l'eau afin de sensibiliser le public et les décideurs
Présentation d'un projet développé par Data for Good

Un jeu praticable en grands groupes

Cette Bataille de l’IA, qui se joue sur deux heures (et davantage si on le souhaite), a rassemblé 35 participants. Dès la première activité autour de la frise chronologique, les étudiants et étudiantes ont participé de façon spontanée et souvent brillante. Cette activité organisée en deux groupes d'une quinzaine de personnes invités à confronter en face à face leurs réponses, a joué un rôle brise-glace. Les échanges sur les grandes problématiques liées à l’IA ont ensuite été décontractés et vivants. L’animatrice missionnée par l’association Latitudes maîtrise parfaitement le sujet et ses interventions enrichissent les échanges. Pour les mises en situation concrètes, les étudiants ont travaillé par petits groupes de quatre ou cinq. 
Au-delà des questions relatives à l’IA, cette expérience montre que des jeux de cartes bien pensés et des scénario pédagogiques adaptables rendent possibles des interactions intéressantes et productives, y compris avec des groupes relativement importants. Cela peut donner des idées pour d’autres contextes et d’autres sujets d’enseignement. 

Dupliquer l’expérience

En tant que membre de la gouvernance et référent « Numérique responsable » de l’établissement, Jean-François Caulier entend également, par cette démarche, montrer l’exemple et inciter le corps enseignant à se saisir d’un sujet important, celui de la sobriété numérique à l’heure de l’IA. De même que nous avons appris à trier nos déchets, utiliser les mobilités douces pour les trajets courts, réduire notre consommation électrique, etc., nous sommes aujourd’hui amenés à questionner collectivement et individuellement l’impact de notre usage des IA génératives, dont la consommation en eau et en électricité peut légitimement interroger – sinon alarmer. Les conséquences sociales d’une surconsommation (exploitation de travailleurs pour l’extraction des minerais rares ou l’entraînement des modèles) nous concernent tous, même si ces conséquences sont en partie lointaines et pour l’instant relativement invisibles depuis le continent européen. 

Alors pourquoi pas vous ? 
Les cartes du jeu abordent de nombreux thèmes qui peuvent assez facilement être connectés à des contenus disciplinaires divers (en arts, en sciences politiques, en administration économique et sociale, en droit...). Il est possible de télécharger le jeu gratuitement, de se former soi-même à l’animation, ou bien de demander une prestation à l’association Latitudes. Il convient de considérer cette Bataille de l’IA comme un temps d’ouverture plutôt que comme une fin en soi. Elle pourra être complétée et inscrite dans la perspective de questions disciplinaires en amont ou en aval du jeu. C’est à l’enseignant de trouver comment la connecter à ses objectifs pédagogiques et proposer des exercices ou activités plus construites autour de ce point de départ. 


Pour en savoir plus sur l’écosystème autour de la sobriété numérique 

Alt’Impact 
Jean-François Caulier est membre de Alt’Impact, un programme soutenu par l’ADEME, le CNRS et l’INRIA, visant à sensibiliser un large public aux enjeux de l’impact environnemental du numérique. Il représente l’université Paris 1 dans ce programme. Cette position lui permet aussi de porter les demandes des autres établissements et de faciliter la reconnaissance de ces questions dans le monde de l’enseignement supérieur. 
https://altimpact.fr/

Latitude et Data for Good 
L’association Latitudes est elle-même partenaire du programme Alt’Impact 
La présentation du jeu Bataille de l’IA est consultable et téléchargeable sur leur site internet L’association a développé également un autre jeu intitulé Future of Tech qui fait découvrir les métiers et les enjeux du numérique aux élèves de collège et lycée. Les jeux de Latitudes sont élaborés en collaboration avec Data for Good

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